AER BFC : Depuis quand existe la Technopole TEMIS (TEchnopole MIcrotechnique et Scientifique) ?
Bruno Favier : La genèse remonte à la crise horlogère et à la prise de conscience de la nécessité d’accompagner le redéploiement des savoir-faire de précision vers de nouveaux marchés et secteurs d’activité.
Milieux économiques, académiques et collectivités se sont alors associés autour du projet TEMIS pour structurer à partir des années 2000, un écosystème où les synergies entre recherche, industrie et formation y seraient facilitées pour la conduite de projets d’innovation dans les secteurs où Besançon fait désormais référence comme les dispositifs médicaux, l’aéronautique et la billettique. Les microtechniques y sont un réel facteur de compétitivité du fait de la miniaturisation et de l’approche multitechnologique qu’elles adressent aux enjeux des industriels.
Le concept des microtechniques est depuis partagé avec nos voisins helvètes à l’histoire industrielle proche et de nombreuses collaborations ont émergé également dans l’horlogerie et la joaillerie.
Fin 2005, un dispositif unique de par son niveau d’intégration, TEMIS Innovation – Maison des Microtechniques, était mis en service pour proposer sous un même toit un continuum de services orienté innovation technologique, souvent de rupture, à même de proposer un parcours entrepreneurial complet et en prise directe avec les centrales et plateformes de technologies telles que MIMENTO, QUARTZ TECH, MIPHySTO… avec les écoles d’ingénieurs et les centres d’apprentissage.
L’incubateur et la pépinière de la maison ont accueilli de nombreux projets avec, dans ce domaine à risque des Deeptech, quelques abandons mais très majoritairement de belles réussites comme Silmach, Cisteo, Percipio Robotics, Aurea Technology, Photline…
Ces dernières années, le numérique et l’intelligence artificielle sont venus enrichir les microtechniques : plus communicantes et apprenantes, elles participent à la digitalisation des process, au machine learning et au développement de nouveaux usages. Les technologies médicales comme l’industrie dans leur phase 4.0 n’ont pas fini de se transformer pour relever les nombreux défis sociétaux du climat, de la ville intelligente, de la santé ou de l’écologie industrielle…
AER BFC : En quelle année avez-vous pris vos fonctions de Directeur ?
Bruno Favier : Titulaire d’un master en économie industrielle de l’université Lyon 2 et passionné par le développement économique, j’ai d’abord œuvré dans la coopération internationale en Afrique centrale lors de mon service national avant de m’orienter dans le conseil en création-reprise d’entreprise dans le milieu coopératif au sein du réseau des Scop puis dans un grand cabinet national.
Mon arrivée à Besançon coïncide avec le lancement par la DATAR (Délégation interministérielle à l’Aménagement du Territoire et à l’Attractivité Régionale) de sa politique de soutien aux systèmes productifs locaux. Le Grand Besançon n’était pas encore une agglomération que l’enjeu des coopérations inter-entreprises paraissait déjà prioritaire pour amener la communauté microtechnique à se repositionner dans une chaîne de valeur beaucoup plus large.
Depuis, les pôles de compétitivité ont vu le jour, l’agglomération de Besançon s’est créée, développée, transformée et, pendant une dizaine d’années, j’ai assuré la direction du service économie.
Depuis 2010, j’ai pris la direction de l’établissement public qui met en œuvre le programme technopolitain TEMIS et pour lequel la Région, le Département, la CCI du Doubs et le Grand Besançon ont toujours investi.
AER BFC : Quelles sont les missions de la Technopole ?
Bruno Favier : Principalement structurer et promouvoir l’écosystème bisontin des microtechniques et de la santé pour encourager synergies et innovations dans les domaines du luxe, de l’aéronautique, des technologies médicales et des biothérapies.
Cela passe par le pilotage de programmes aussi variés que complémentaires en matière d’aménagement, d’immobilier d’entreprise, de promotion des compétences régionales, de prospection-détection-accompagnement de projets et de soutien à l’entrepreneuriat et à l’innovation au travers des centres de ressources et de développement TEMIS Innovation et prochainement BIO INNOVATION.
TEMIS est un intégrateur de dispositifs et ressources au service de la communauté French Tech de Bourgogne Franche-Comté. La technopole vise à les rendre plus lisibles, accessibles et visibles et constitue un véritable « Hub » pour les porteurs de projets comme pour les opérateurs.
Cette proximité avec les acteurs des filières de notre territoire et la veille permanente via les réseaux nationaux contribuent à anticiper les nouveaux enjeux. L’investissement dans le tout nouveau centre de développement BIO INNOVATION en est une illustration en ce qui concerne la médecine du futur.
AER BFC : Quelles sont les limites géographiques de votre intervention ?
Bruno Favier : TEMIS est une technopole organisée sur 2 sites thématiques localisés à l’entrée Nord et Ouest de Besançon : TEMIS Microtechnique et TEMIS Santé.
Par contre, ses actions de promotion, d’animation, de soutien aux filières concernent et sont ouvertes à l’ensemble des composantes de l’écosystème régional.
A titre d’exemple, TEMIS est présent depuis 4 ans sur la convention d’affaires européenne MEDFIT où la technopole organise une représentation collective des savoir-faire régionaux en matière de technologies médicales. Aux côtés de Lille, Grenoble et Strasbourg, les entreprises de nos clusters sont plutôt remarquées par leurs compétences et leur dynamisme.
AER BFC : Quels chiffes clés pourraient illustrer le site ?
Bruno Favier : À ce jour, la Technopole compte 170 établissements pour 3700 emplois (hors effectif du CHU) répartis sur les 2 sites de TEMIS.
Plus de 15 000 étudiants fréquentent la Technopole.
TEMIS et BIO INNOVATION représentent 11 500 m² de centres de ressources intégrant plateformes technologiques, incubateur, pépinière-hôtel d’entreprises et appuis à l’entrepreneuriat et comptent 30 jeunes entreprises innovantes hébergées.
AER BFC : Quelle est votre actualité ?
Bruno Favier : À l’été 2020, nous allons ouvrir le nouveau centre BIO INNOVATION pour le développement de biothérapies et dispositifs innovants. Son pilotage sera assuré par la technopole et ses partenaires : CHU, université, écoles d’ingénieurs, Établissement Français du Sang, cluster régional INNOV’HEALTH.
Cette création marque une nouvelle étape pour conforter Besançon et notre région comme territoire d’ingénierie biomédicale et le positionner comme lieu expert de la Bioproduction pour le développement et la diffusion accélérée des dispositifs médicaux et des biothérapies de demain. Un objectif partagé par le tout nouvel institut Carnot que l’Etat vient de créer pour accélérer la mise au point et la diffusion des thérapies contre les leucémies.
L’UMR Right de Besançon (associant Inserm, EFS et UBFC) participe à ce consortium aux côtés de Paris, Lyon, Marseille, Nice, Toulouse, Bordeaux, Tours…
AER BFC : Quel sont les contacts privilégiés de votre structure ?
Bruno Favier - 03.81.50.46.95, bruno.favier@temis.org / contact@temis.org